L’Internet des objets transforme le paysage des soins de santé ? C’est plus qu’un euphémisme. Un diagnostic précis et précoce peut sauver une vie. L’utilisation de smartphones et la valorisation d’une technologie portable basée sur capteurs permettent de surveiller, d’analyser et de diagnostiquer rapidement les symptômes des utilisateurs. Si l’on s’intéresse de plus près à deux pathologies, les maladies cardiovasculaires et le cancer du sein, il est aisé de constater les effets des technologies portables sur le diagnostic.
Maladies cardiovasculaires
Actuellement première cause de mortalité au sein du monde développé, les maladies cardiovasculaires demeurent bien souvent non diagnostiquées ; la crise cardiaque intervient inopinément. Dans les meilleurs des cas, lorsque des signes avant-coureurs avertissent de l’imminence d’un infarctus, nombre de patients ne se rendent pas à l’hôpital avant la survenue de l’accident. Malheureusement, une corrélation importante existe entre le délai respecté avant la prise du traitement et la restauration du débit sanguin vers le cœur. Les éléments indicateurs d’une crise cardiaque varient en fonction des individus. Certains souffriront d’une indigestion assez modérée ou de brûlures d’estomac, tandis que d’autres frapperont leur poitrine de douleur. Toutefois, des études ont révélé que des symptômes d’une crise cardiaque, même grave, se manifestent au moins 2 heures avant l’accident.
Au sein du secteur des soins de santé, la détection d’une crise cardiaque englobe plusieurs objectifs. Il s’agit avant tout de poser un diagnostic approprié, de manière à ce que le patient victime d’une crise cardiaque bénéficie d’un traitement le plus tôt possible. Au même niveau d’importance figurent la nécessité de réduire la fréquence des fausses attaques entraînant le transport des patients vers le service des urgences et le besoin d’éliminer les dépenses considérables générées par les hospitalisations consécutives à de fausses alertes.
En 2007, NHS Northwest, à l’aide d’un appareil d’ECG portable fourni par Aerotel et d’un service de surveillance proposé par BroomWell (Royaume-Uni), a mené une étude impliquant un test qui a révélé que 82 % des patients ayant ressenti une douleur à la poitrine ne présentaient, en réalité, aucune nécessité d’hospitalisation. Les résultats ont identifié un potentiel d’économies de 69 943 460 dollars américains a minima, associées à environ 90 000 visites aux urgences et à 45 000 hospitalisations non nécessaires, consécutives à de faux symptômes de crise cardiaque.
Si les outils de diagnostic portables utilisés dans le cadre de cette étude existent toujours, cette technologie ne permet pas au patient potentiel d’effectuer un autodiagnostic non invasif pratiqué à l’aide de capteurs non invasifs, ni de procéder aux examens ne nécessitant pas le recours à un professionnel de santé.
Aujourd’hui, ce scénario sombre rapidement dans l’oubli au profit de jolis composants portables ultra-précis et fonctionnels qui détectent, entre autres, les crises cardiaques. Cela ne fait pas longtemps que les technologies portables utilisées dans le monde du sport évaluent avec précision les variations du rythme cardiaque durant l’activité physique...Elles se révèlent si efficaces que la possibilité de développer des applications de santé est apparue comme une évidence.
Si l’Apple Watch HealthKit ne satisfait pas les exigences de la FDA (Food and Drug Administration, administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments) relatives aux dispositifs médicaux et ne peut en conséquence être utilisée comme un composant de ce type, cette solution propose une précision équivalente aux électrocardiogrammes authentiques. Un écran portable pourrait afficher des informations relatives aux maladies cardiovasculaires, mais également signaler la survenue d’un infarctus ou d’une attaque cardiaque plusieurs jours à l’avance. De plus, l’Apple Watch sera utilisée dans des rôles de diagnostics médicaux encore plus approfondis. Récemment, un démontage effectué par iFixit a démontré que le capteur de fréquence cardiaque n’était pas un module optique ordinaire, qu’il s’agissait en réalité d’un oxymètre de pouls mesurant le niveau d’oxygène dans le sang et l’efficacité du transport de l’oxygène vers des zones de l’organisme distantes du cœur.
Apple n’est pas une exception. Google a également entrepris un processus de recherche visant à proposer des solutions de diagnostic du cancer, de l’infarctus et des crises cardiaques à un stade précoce. La recherche implique l’ingestion d’une pilule remplie de nanoparticules chargée de détecter la maladie et le port d’un capteur sur le poignet. Les modifications de la biochimie corporelle signaleront les prémices de la multitude de maladies détectées par la technologie Google.
Cancer du sein
Le cancer du sein figure en deuxième position des maladies diagnostiquées chez les femmes, derrière le cancer du poumon. Aujourd’hui, le seul moyen d’éviter le pire à une femme portant un gène indiquant une probabilité de 87 % de développer la maladie est la double mastectomie en parallèle, bien entendu, de mammographies et d’auto-examens réguliers. En dehors de la mastectomie, les méthodes actuellement employées ne suffisent pas à éradiquer précocement le cancer.
Toutefois, les technologies portables pourraient constituer une alternative à cette opération radicale. L’organisation American Cancer Society avance une prévision de 1 658 370 nouveaux cas de cancer en 2015 aux États-Unis, pour 589 430 décès.
De grands progrès sont actuellement effectués dans la création de sous-vêtements permettant de détecter du cancer du sein à un stade précoce. Parmi ces produits, citons l’iTbra, développé par Rob Royea. Il s’agit d’un soutien-gorge comportant des capteurs intégrés qui détectent les modifications de température dans le tissu mammaire au fil du temps. Impressionné par le potentiel de la solution, Cisco a parrainé un film évoquant la technologie, appelé Detected.
Figure 1. Sept capteurs intégrés dans le soutien-gorge prennent en charge une détection précoce du cancer du sein.
D’autres recherches, dédiées au diagnostic des cancers du poumon et du sein, impliquent l’utilisation d’un dispositif dans lequel le patient souffle. Un capteur détecte les composants chimiques révélant la présence du cancer contenus dans l’air expiré.
Les technologies portables sont vouées à devenir un outil de diagnostic essentiel dans la détection des maladies cardiovasculaires et du cancer. Cela ne fait aucun doute : ces solutions vont se développer dans l’ensemble des aspects de la détection des maladies. La capacité à proposer une technologie précise, fiable et à un prix raisonnable permettra de généraliser son adoption à court terme.